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la maladie, ne se put calculer[1]. On égorgea de sang-froid les femmes, les enfants. La Judée devint à la lettre un désert[2] ; les loups et les hyènes entraient dans les maisons avec des hurlements. Beaucoup de villes du Darom furent ruinées pour toujours[3], et l’aspect désolé qu’offre aujourd’hui le pays est encore le signe vivant de la catastrophe arrivée il y a dix-sept siècles et demi.

L’armée romaine aussi avait été fortement éprouvée[4]. Adrien, écrivant d’Athènes au sénat, ne se sert pas du préambule ordinaire aux empereurs : Si vos liberique vestri valetis, bene est ; ego quidem et exercitus valemus. Severus fut récompensé comme il le méritait de cette campagne si bien conduite. Le sénat, sur la proposition d’Adrien, lui décerna les ornements triomphaux ; il fut élevé à la dignité de légat de Syrie[5]. L’armée de Judée fut comblée de récompenses[6].

  1. Dion Cassius, et Gittin, 57 a.
  2. Justin, Apol. I, 47, 53 ; Dialog., 16, 52 ; Talm. de Jér., Péah, vii, 1.
  3. Midrasch sur Eka, ii, 2 ; Talm. de Jér., Taanith, iv, 8.
  4. Fronton, De bello parthico, p. 200 de l’édition d’Angelo Maï (1823).
  5. Corpus inscript. lat., Dalm., no 2830.
  6. Greppo, p. 92, 181 et suiv., 189 ; fait de Lollius Urbicus (Borghesi, Œuvr., VIII, p. 581). La pièce exercitus judaïcus, citée par Charles Patin (Eckhel, VI, p. 496), n’a jamais été retrouvée authentique [Longpérier].