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Les révoltés ne se montraient jamais en rase campagne ; mais ils étaient maîtres des hauteurs ; ils y élevaient des fortifications et creusaient entre leurs bourgs crénelés des chemins couverts, des communications souterraines, éclairées d’en haut par des soupiraux, qui y donnaient l’air et le jour. Ces couloirs secrets leur servaient de refuge, quand ils étaient refoulés, et leur permettaient d’aller défendre un autre point. Pauvre race ! Chassée de son sol, elle semblait vouloir s’enfoncer dans ses entrailles plutôt que de le quitter ou de le laisser profaner. Cette guerre de taupes fut extrêmement meurtrière. Le fanatisme atteignait en intensité celui de 70. Julius Severus n’osa nulle part en venir à un engagement avec ses adversaires ; voyant leur nombre et leur désespoir, il craignait d’exposer les lourdes masses romaines aux dangers d’une guerre de barricades et de mamelons fortifiés. Il attaquait les rebelles séparément ; grâce au nombre de ses soldats et à l’habileté de ses lieutenants, il réussissait presque toujours à les affamer et à les cerner dans leurs tranchées.

Bar-Coziba, acculé à l’impossible, devenait chaque jour plus violent. Sa domination était celle d’un roi[1]. Il ravageait tout le pays aux alentours.

  1. Séder olam, 30.