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devint une sorte de petite capitale, une Jérusalem en expectative, à côté de la grande, qu’on espérait bientôt conquérir. La situation de Béther était des plus fortes. C’était une tête de ligne, commandant toutes les vallées du pays insurgé, et rendue presque imprenable par d’énormes travaux dont les restes se voient encore aujourd’hui[1].

Le premier soin des insurgés fut la question monétaire. Un des supplices des juifs fidèles était d’être obligés de manier une monnaie sur laquelle se trouvaient l’effigie de l’empereur et des images idolâtriques. Pour les offrandes religieuses, en particulier, on recherchait soit les pièces des princes asmonéens, encore courantes dans le pays[2], soit celles de la première révolte, qui elle-même avait imité le monnayage asmonéen. L’insurrection nouvelle était trop pauvre et trop mal outillée pour émettre des types nouveaux. Elle se contenta de retirer de la circulation les pièces au type des Flavius et de Trajan, et de les surfrapper de types orthodoxes[3], que le peuple connaissait et qui avaient

  1. Clermont-Ganneau, renseignement oral.
  2. Passages cités dans l’Antechrist, p. 274, note 4. Il faut se rappeler que, dans l’antiquité, la démonétisation n’avait pas lieu comme de nos jours. On se servait habituellement de pièces qui avaient plusieurs siècles d’ancienneté.
  3. Cf. Talmud de Babylone, Aboda zara, 52 b.