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le Messie. C’est ce qu’on vit cette fois. Sans doute sous l’influence des idées chrétiennes, et à l’imitation de Jésus, un personnage se donna pour l’envoyé céleste tant attendu, et réussit à séduire le peuple. L’histoire de cet étrange épisode ne nous apparaît qu’à travers une pénombre. Les Juifs, qui seuls auraient pu nous dire quels furent la pensée intime et le mobile secret des agitateurs, ne nous ont livré à cet égard que des images confuses, comme les souvenirs d’un homme qui a traversé la démence. Il n’y avait plus de Josèphe. Barcochébas, comme l’appellent les chrétiens, reste un problème insoluble et sur lequel l’imagination elle-même ne peut s’exercer avec aucune chance de toucher la vérité.

Le nom de son père ou de l’endroit où il était né[1] était Coziba, et on ne l’appelait jamais que « le fils de Coziba » (Bar ou Ben-Coziba[2]). Son vrai nom propre est inconnu[3]. Peut-être ses partisans furent-ils amenés à dissimuler exprès son nom et celui de sa

  1. M. Derenbourg croit qu’il s’agit d’Ecdippa. Mél. de l’École des hautes études, 1878, p. 157 et suiv.
  2. Les livres talmudiques l’appellent toujours ainsi, ce qui suffit pour écarter l’idée que le nom de Bar-Coziba ait été inventé comme un sobriquet malveillant.
  3. C’est par suite de fausses hypothèses numismatiques qu’on a prétendu qu’il s’appelait Siméon. V. l’appendice i, à la fin du volume.