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tolina. La vue d’une ville païenne s’élevant sur les ruines de la ville sainte, l’emplacement du temple profané, ces sacrifices païens, ces théâtres élevés avec les pierres mêmes de l’édifice vénéré, ces étrangers habitant la ville que Dieu avait aimée, tout cela leur paraissait le comble du sacrilège et du défi[1].

Loin de vouloir rentrer dans cette nouvelle Jérusalem profane, ils la fuyaient comme une abomination. Le sud de la Judée, au contraire, était plus que jamais une terre juive. Il s’y était formé une foule de gros bourgs, pouvant se défendre, grâce à la disposition des maisons, lesquelles étaient serrées en masse compacte sur le sommet des collines. Béther était devenu pour les Israélites de ces parages comme une seconde ville sainte, un équivalent de Sion[2]. Les fanatiques se procurèrent des armes par un singulier stratagème. Ils devaient fournir aux Romains une certaine quantité d’ustensiles de guerre ; ils les fabriquaient mal exprès pour qu’on les refusât et que ces armes rebutées restassent à leur disposition. Ils faisaient, à défaut de fortifications apparentes, d’immenses souterrains ; les défenses de Béther étaient

  1. Dion Cassius, LXIX, 12 ; Chronique d’Alexandrie, à l’an 119 ; Eusèbe, Démonstr. évang., VIII, 3, p. 406.
  2. Voir les Évangiles, ch. ii.