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beaucoup, en tout cas, de celui des ébionites[1]. La durée de la période des apparitions de Jésus ressuscité y était portée à dix-huit mois[2].

Ces efforts désespérés pour accommoder en Jésus le Dieu et l’homme tenaient à des difficultés inhérentes à la nature du christianisme. En effet, le travail qui agitait la conscience chrétienne en Égypte se produisait aussi en Syrie. Le gnosticisme faisait son apparition à Antioche presque en même temps qu’à Alexandrie. Saturnin[3] ou Satornile[4], qui fut, dit-on, élève de Ménandre, comme Basilide[5], émit des idées analogues à celles de ce dernier, et encore plus fortement empreintes du dualisme persan. Le plérome et la matière, Bythos et Satan, sont les deux pôles de l’univers. Le royaume du bien et le royaume du mal ont des confins où ils se mêlent. C’est vers

  1. Valentin connaissait, ce semble, le quatrième Évangile. Philos., VI, 35.
  2. V. les Apôtres, p. 36, note 2.
  3. Justin, Dial., 35 ; Hégésippe, dans Eus., H. E., IV, xxii, 5 ; Irénée, I, xxiii, xxviii, 1 ; Philosophumena, VII, 3, 28 ; Tertullien, Præscr., 46 ; Eusèbe, H. E., IV, 7 ; Épiphane, xxiii ; Théodoret, I, 2. Pseudo-Augustin, hær. 3.
  4. Cette seconde forme est commune dans les inscriptions. Arch. des miss., 3e série, III, p. 236.
  5. Épiph., xxiii, 1 ; xxiv, 1. Il faut se défier ici du parti pris par les Pères de faire sortir tout le gnosticisme de Simon le Magicien.