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dans l’histoire du droit romain. Jusqu’à lui, la maison du prince avait été la maison du premier personnage de l’État, une maison comme une autre, composée de domestiques, d’affranchis, de secrétaires privés. Adrien organisa le palais : pour arriver aux offices palatins, il fallut désormais être chevalier ; les domestiques de la maison de César devinrent des fonctionnaires. Un conseil permanent du prince, composé surtout de jurisconsultes[1] prend des attributions définies ; les sénateurs spécialement attachés au gouvernement sont déjà des comites (comtes) ; tout se fait par des bureaux, à la formation desquels le sénat prend sa part, et non par la volonté directe du prince. C’est toujours le despotisme, mais un despotisme analogue à celui de l’ancienne royauté française, tempéré par des conseils, des cours et des magistrats indépendants. — Les améliorations sociales sont plus importantes encore. Un bon et grand esprit de vrai libéralisme et d’humanité se manifeste en tout ; la position de l’esclave reçoit des garanties ; la condition de la femme s’élève ; les excès de l’autorité paternelle sont limités ; ce qui restait de sacrifices humains est supprimé[2]. Le caractère personnel de

  1. Spartien, Adr., 18, 22.
  2. Paul, Sentent., III, 5 ; Dig., I, v, 18 ; vi, 2 ; Gaïus, Instit., comm. I, 115 ; Ulpien, Fragm. xxvi, 8 ; Spartien, Adr., 18.