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faire accepter du peuple, il conformait ses discours à ceux de l’Église ; mais les évêques étaient en garde et l’excluaient. Les simples fidèles se laissaient prendre ; ils murmuraient même de ce que les évêques chassaient de la communion de si bons catholiques[1]. Sympathie inutile ! car déjà l’épiscopat avait enserré l’Église de toutes parts. Valentin restait ainsi à l’état de prétendant malheureux au ministère pastoral. Il écrivit des lettres, des homélies, des hymnes d’un ton moral élevé. Les morceaux conservés de lui[2] ont de la force et de l’éclat ; mais la phraséologie en est bizarre[3]. Cela ressemble à la manie qu’avaient les saint-simoniens de bâtir de grandes théories en langage abstrait pour exprimer des réalités presque mesquines ; son système général n’avait pas cette apparence de bon sens, qui fait réussir dans la foule. L’Évangile prétendu de Jean, avec ses combinaisons beaucoup plus simples de Logos et de Paraclet, était appelé à de bien autres succès.

  1. Irénée, I, proœm. ; III, 15, 19 ; IV, proœm. ; Tertullien, In Val., 1.
  2. Clément d’Alexandrie, Strom., II, 8, 20 ; III, 7 ; IV, 13. Les questions critiques relatives à la Pistis Sophia seront traitées dans notre VIIe livre.
  3. Voir surtout le fragment dans Clém. d’Alex., Strom., IV, 13.