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personnifiés[1], et dont les divers épisodes représentaient la lutte du bien et du mal. Le bien est le dieu suprême, ineffable, perdu en lui-même. Son nom est Abraxas. Cet être éternel se développe en sept perfections, qui forment avec l’Être lui-même la divine ogdoade. Les sept perfections, Noûs, Logos, Sophia, etc., en s’accouplant, ont produit les ordres d’anges inférieurs (éons, mondes)[2], au nombre de trois cent soixante-cinq. Ce nombre est celui que donnent les lettres du mot abraxas, additionnées selon leur valeur numérique.

Les anges du dernier ciel, dont le prince est Jéhovah, ont créé la terre, qui est le plus médiocre des mondes, le plus souillé de matière, sur le modèle fourni par Sophia, mais sous l’empire de nécessités qui en font un composé de bien et de mal. Jéhovah et les démiurges se sont partagé le gouvernement de ce monde, et se sont distribué entre eux les provinces

  1. Ce procédé est l’essence même de la mythologie persane. Se rappeler toute la théorie des Amschaspands. Voir J. Darmesteter, Haurvatât et Ameretât, Paris, 1875 ; Ormazd et Ahriman, Paris, 1877, p. 38 et suiv. Comparez les Sephiroth de la Cabbale. C’est ainsi que des attributs ou des fonctions de Jéhovah sont devenus des anges chez les musulmans (مرض = רצון).
  2. Αἰών = seculum = phén. oulom = hébr., olam = arab., âlem (rabh el-âlémîn), équivalent de sebaoth. Cf. Hebr. i, 2 ; xi, 3 ; I Tim., i, 17.