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ayant un pied en quelque sorte dans le monde idéal et un autre dans le monde matériel, fait circuler l’idée dans la matière et l’élève sans cesse. Une sorte de gémissement universel de la nature, un sentiment mélancolique de l’univers appelle le repos final, qui consistera en une inconscience générale[1] des individus au sein de Dieu et dans l’extinction absolue de tout désir. « La bonne nouvelle » du progrès a été portée au monde par Jésus, fils de Marie. Déjà, avant lui, une élite de païens et de juifs avait fait triompher l’élément pneumatique sur l’élément somatique ; mais Jésus a su accomplir d’une manière complète la séparation des deux éléments, si bien qu’il n’est resté chez lui que l’élément pneumatique. De la sorte, la mort n’a eu rien à prendre en lui. Tous les hommes doivent l’imiter et atteindre au même but. Ils y arrivent en accueillant d’un cœur empressé « la bonne nouvelle », c’est-à-dire la gnose transcendante[2].

Pour rendre ces idées plus accessibles, Basilide leur donna une forme cosmogonique, analogue à celles qui étaient familières aux religions de la Phénicie, de la Perse et de l’Assyrie. C’était une sorte d’épopée divine, ayant pour héros les attributs divins

  1. Ἡ μεγάλη ἄγνοια. Voir Philos., VII, 27.
  2. Εὐαγγέλιόν ἐστι κατ’αὐτοὺς ἡ τῶν ὑπερκοσμίων γνῶσις. Phil., VII, 27.