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Le christianisme pur n’a laissé aucun objet matériel ; la première archéologie chrétienne est gnostique[1]. La vie, dans ces petites sectes libres et inventives, se montrait désordonnée mais puissante. Leur métaphysique elle-même s’imposa dans une large mesure ; la foi fut obligée de se faire raisonneuse. À côté de l’église, il y eut désormais l’école ; à côté de l’ancien, il y eut le docteur.

Quelques hommes de rare talent, d’ailleurs, se faisant les organes de ces doctrines jusque-là sans autorité, les tirèrent de l’état de spéculations individuelles où elles auraient pu rester indéfiniment, et les élevèrent à la hauteur d’un véritable événement dans l’histoire de l’humanité[2].

  1. Matter, Hist. crit. du gnost., II, p. 489 et suiv., et planches ; Garrucci, Dissert. archeol., vol. II, p. 73.
  2. Pour la chronologie de ces sectaires, voir Clém. d’Alex. Strom., VII, 17. Cf. Pseudo-Tertullien (Hippolyte ?), Præscr., c. 48. La gnose combattue dans les épîtres à Tite et à Timothée est la première gnose antérieure à Valentin et à Basilide. Elle se présente aux yeux de l’auteur comme essentiellement judaïque (essénienne), I Tim., i, 4, 7, 17 ; ii, 5 ; iv, 3, 4 ; vi, 6 ; II Tim., ii, 18 ; iii, 1-7 ; Tit., i, 10, 11, 14, 15 ; ii, 13 ; iii, 9. Il en faut dire autant de la gnose combattue dans l’Épître aux Colossiens.