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Philon de Byblos, présentait les vieilles théogonies de la Phénicie, mêlées, ce semble, de cabbale hébraïque, sous la forme de généalogies divines fort analogues à celles des premiers gnostiques. La religion égyptienne, très-florissante encore, avec ses cérémonies mystérieuses et ses symboles frappants, les mystères grecs et le polythéisme classique, interprétés dans un sens allégorique, l’orphisme et ses vides formules, le brahmanisme devenu une théorie d’émanations sans fin, le bouddhisme[1] opprimé par le rêve des existences expiatoires et par ses myriades de bouddhas, le dualisme persan, si contagieux, et auquel le messianisme et le millénarisme juifs devaient peut-être leur première existence, paraissaient tour à tour des dogmes profonds et séduisants à des imaginations affolées d’espérances et de terreurs. L’Inde et surtout le bouddhisme étaient connus à Alexandrie[2]. On leur empruntait la métempsychose, la façon d’envisager la vie comme l’emprisonnement de l’âme dans un corps, la théorie des délivrances successives[3]. Gnosticos n’a-t-il pas le

  1. V. Vie de Jésus, p. 102.
  2. Clém. d’Alex., Strom., I, 15 ; VI, 4. Voir Weber, Indische Skizzen, p, 63 et suiv., 91 et suiv.
  3. Plotin (Ennéades, II, ix, 6), par suite d’une exagération systématique, ne veut voir en tout cela que des emprunts faits à Platon.