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étaient également étrangers. Ainsi leur sublime s’amalgama. D’une part, les gnostiques, dans leur prétention de tout embrasser, et habitués qu’ils étaient à regarder les dieux des nations comme des éons divins, bien inférieurs au Dieu suprême, voulaient connaître le christianisme, prenaient Jésus avec enthousiasme comme un éon incarné à mettre à côté de tant d’autres, et lui faisaient une belle place dans leurs formules de philosophie de l’histoire. D’une autre part, les chrétiens qui avaient quelques besoins intellectuels, et qui voulaient rattacher l’Évangile à une philosophie, trouvaient dans la métaphysique obscure des gnostiques ce qu’il leur fallait. Il se passa dès lors quelque chose de tout à fait analogue à ce qui est arrivé il y a environ cinquante ans, quand on vit une certaine philosophie, qui avait pour programme, comme le gnosticisme, de tout comprendre et de tout expliquer, adopter le christianisme et se proclamer chrétienne en un sens supérieur, et qu’on vit en même temps les théologiens catholiques et protestants, désireux de ne point paraître étrangers au siècle, adopter une foule d’idées philosophiques qu’ils croyaient compatibles avec leur théologie.

Les Pères de l’Église veulent absolument que toute cette végétation empoisonnée ait eu son principe