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de métaphysique se montra encore plus prononcée, et produisit des résultats bizarres, qu’il est temps maintenant d’étudier.

Là, en effet, du mélange de toutes les théologies et de toutes les cosmogonies s’était formé un composé indigeste et malsain, traversé souvent par des éclairs de génie, une doctrine qui avait la prétention de trouver la formule de l’absolu et se donnait le nom ambitieux de gnosis, « science parfaite ». L’initié à cette doctrine chimérique s’appelait gnosticos, « savant accompli[1] ». Alexandrie était alors, après Rome, le lieu du monde où la crise de l’esprit humain était la plus vive. La légèreté, l’éclectisme superficiel y produisaient les effets les plus imprévus[2]. Tout se brouillait dans ces cerveaux à la fois étourdis et fantasques. Grâce à un charlatanisme souvent inconscient, les plus graves problèmes de la vie devenaient de vrais escamotages ; on résolvait toutes les questions du monde et de Dieu en jonglant avec des mots et par des formules creuses ; on se dispensait de science réelle avec des tours de passe-passe. Il faut se rappeler que les grandes institutions scientifiques fondée par les Ptolémées avaient disparu ou étaient tombées dans une complète décadence. Le seul guide qui

  1. I Tim., vi, 20.
  2. Voir la lettre d’Adrien, ci-après, p. 188-190.