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On ajoutait que Judas refusa de croire à ces belles choses et fut, à partir du jour où il entendit son maître parler ainsi, à demi incrédule[1].

Papias n’usait pas non plus, dans le choix des paroles de Jésus, d’un discernement bien rigoureux, quand il attribuait au Christ des paroles qui paraissent avoir traîné dans les apocalypses juives, et se lisent en particulier dans l’Apocalypse de Baruch[2]. Son livre prouvait contre la thèse qui lui était si chère, et montrait quel service rendaient les Évangiles écrits, en arrêtant la dégradation des paroles traditionnelles de Jésus. Déjà les idées montanistes apparaissaient avec leur matérialisme naïf. Comme certains gnostiques, Papias ne conçoit pas la parfaite innocence de la vie sans l’abstinence de la chair des animaux. Le bon sens relatif des rêves galiléens a disparu pour faire

  1. Irénée, V, xxxiii, 4.
  2. V. les Évangiles, p. 521-522. La coïncidence est évidente entre le morceau sur les vignes messianiques, prêté à Jésus par Papias, et le morceau de l’Apocalypse de Baruch, xxix, 5. Mais Papias n’a pas copié pseudo-Baruch. Son morceau est plus développé et plus original que celui de pseudo-Baruch. Tout cela venait probablement d’apocalypses écloses dans la crise de 68, 69, 70, apocalypses que plusieurs attribuaient à Jésus et dont les discours apocalyptiques, Matth., xxiv, Marc, xiii, sont des formes écourtées. V. l’Antechrist, p. 293 et suiv. Comparez aussi Hénoch, x, 19, et diverses chimères rabbiniques, dans Gebhardt et Harnack, Patres apost., 2e partie, p. 88-89.