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naissait pas encore l’Évangile de Jean, ouvrage qui naquit, ce semble, à quelques lieues de la ville même qu’il habitait[1]. Certainement, si Eusèbe en eût découvert des traces dans les écrits de l’évêque d’Hiérapolis, il le dirait, comme il nous dit qu’il y a trouvé des citations de la première épître johannique. Ce qui est singulier, en effet, c’est que Papias, qui ne connaît pas l’Évangile de Jean, connaît l’épître supposée de Jean[2], qui est, en quelque sorte, une pièce destinée à préparer l’Évangile. Peut-être les faussaires lui communiquèrent-ils la lettre, mais non encore l’Évangile, pour lequel ils craignaient sa sévère critique. Peut-être y eut-il un intervalle entre la composition de l’épître johannique et celle de l’Évangile. On ne touche jamais à cette question des écrits attribués à Jean sans tomber dans les contradictions et les anomalies.

De cet ensemble de consciencieuses recherches,

    cours de Jésus qui serait ainsi parvenu à Papias de la bouche de Jean ou plutôt de ses disciples est, par le messianisme tout matériel qu’il respire, en flagrante contradiction avec l’Évangile dit de Jean.

  1. Le passage copié par Thomasius dans un manuscrit de la reine Christine, au Vatican, et relevé par M. Aberle, est sans aucune valeur. V. Zeitschrift für wiss. Theol., 1865, p. 77 et suiv. ; Gebh. et Harn., Patres apost., I, 2e part., p. 101-103.
  2. Eus., H. E., III, xxxix, 16. Eusèbe parle de citations directes (κεχρῆται μαρτυρίαις), et non d’allusions.