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Philippe, Thomas, Jacques, Jean, Matthieu ou tel autre des disciples du Seigneur ? [J’y joignais] ce que disent Aristion et Presbytéros Joannes, disciples [des disciples] du Seigneur. Car je ne pensais pas que tous les livres pussent m’apporter autant de profit que les données recueillies de la tradition vivante et permanente[1].


Aucun apôtre, en effet, n’existait plus depuis longtemps quand Papias conçut ce projet ; mais il y avait des personnes qui avaient encore connu des membres du cénacle primitif. Les filles de Philippe, parvenues à l’extrême vieillesse et l’esprit un peu égaré, avaient rempli Hiérapolis de leurs récits merveilleux. Papias les avait vues. À Éphèse et à Smyrne, Presbytéros Joannes et Aristion se prétendaient également dépositaires de précieuses traditions, qu’ils disaient, à ce qu’il semble, tenir de l’apôtre Jean. Papias n’était pas de l’école qui se rattachait à Jean et d’où sortit, dit-on, le quatrième Évangile. Il est probable cependant qu’il connut Aristion et Presbytéros[2]. Son livre était composé en grande

  1. Dans Eus., H. E., III, xxxix, 3 et 4.
  2. Eus., H. E., III, xxxix, 4, 7, 14 ; Irénée, V, xxxiii, 3-4. Le passage de Papias cité par Eusèbe n’implique pas, au premier coup d’œil, que Papias ait eu des rapports personnels avec Aristion et le Presbytéros. Mais Eusèbe, pour adopter cette interprétation, avait l’ensemble de l’ouvrage, où Aristion et Presbytéros Joannes étaient fréquemment allégués et où il pouvait y avoir des preuves