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est reléguée sur un arrière-plan, où elle n’a presque aucun sens. Il s’en fallait pourtant que ces grands rêves fussent oubliés de tous. En Asie Mineure, le plus grand nombre des chrétiens en vivaient et ne voulaient pas qu’on cherchât ailleurs le vrai de la pensée de Jésus. À deux pas de l’école où s’élaboraient, ce semble, les écrits johanniques, un homme qui peut avoir eu des relations avec les auteurs de ces écrits travaillait dans un ordre d’idées entièrement différent ou, pour mieux dire, tout à fait opposé.

Nous voulons parler de Papias, évêque d’Hiérapolis[1], la personnalité la plus frappante d’un temps où deux chrétiens pouvaient encore différer l’un de l’autre à un point dont nous n’avons plus d’idée. On a souvent supposé que Papias fut disciple et auditeur de Jean[2]. C’est là sûrement une erreur. Papias n’a vu aucun

  1. Irénée, V, xxxiii, 3-4 ; Eusèbe, III, xxxvi, 2 ; xxxix entier ; saint Jérôme, De viris ill., 18 ; cf. Epist. 28 et 29 (52, 53) ; Chron., p. 162, 163, Schœne. Le nom de Papias est fréquent en Asie Mineure, et en particulier à Hiérapolis. Le Bas, Inscr., III, 1690 ; Wagener, Inscr., p. 19. V. Saint Paul, p. 364, note 1 ; Gebh. et Harn., Patres apost., I, 2e partie, p. 103-104, note.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., III, xxxix, 2, rectifiant Irénée et sa propre Chronique. Voir les Évangiles, p. 424, note 2. Ses relations avec Polycarpe (Irénée, l. c.) n’ont pas plus de solidité ; elles ne reposent que sur une induction d’Irénée.