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conservés bien plutôt comme des livres instructifs ou pieux que comme des sources d’inspiration véritable[1].

L’Ancien Testament, tiraillé en sens divers, et interprété avec toute la latitude que permet un texte dénué de voyelles, était l’arsenal des arguments de l’apologétique chrétienne et de la polémique juive. Ces disputes avaient lieu le plus souvent en grec. Les versions alexandrines y servaient[2], mais devenaient de jour en jour plus insuffisantes. Les avantages que les chrétiens en tiraient les rendaient suspectes aux juifs ; il se répandit des mots censés prophétiques où de vieux sages annonçaient tout le mal qui sortirait un jour de ces versions maudites. On compara le jour où fut faite la version des Septante à celui où fut fondu le veau d’or ; on prétendit même que ce jour-là fut suivi de trois jours de ténèbres[3]. Les chrétiens, au contraire, admettaient les légendes qui présentaient cette version comme miraculeusement révélée[4]. Rabbi Aquiba et son école avaient

  1. 1. Saint Jérôme, præf. in Prov. ; saint Aug., De civ. Dei, XVIII, 36, De doctr. christ., II, 13 ; Contra Gaud., II, 38.
  2. Justin, Dial., 68, 71, 84.
  3. Masséketh Sépher Thora, i, 8 (Kirchheim). Masséketh Soferim, i, 7 ; Megilath Taanith, fin.
  4. Justin, Apol. I, 31 ; Oratio ad Græc., 13 ; Irénée, Adv. hær., III, xxi, 2.