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règles qui, étant admise l’idée d’une prochaine fin du monde, n’avaient pas beaucoup de sens. On aspirait à sortir du provisoire où ceux qui croyaient à toute heure voir le Messie apparaître au ciel fussent toujours restés enchaînés.

C’est alors qu’un pieux écrivain eut l’idée, pour faire taire ces doutes, de répandre dans les cercles de croyants une épître censée de Pierre. On venait de voir les Églises de Paul recueillir l’œuvre de leur maître et y faire des additions importantes. Il semble qu’un chrétien de Rome, appartenant au groupe qui voulait à tout prix réconcilier Pierre et Paul, désira augmenter l’héritage littéraire, fort mince, de l’apôtre galiléen. Il circulait déjà une épître sous le nom du chef des apôtres[1]. En s’appuyant sur ce petit écrit et en y mêlant des phrases empruntées de divers côtés, on eut une prétendue « seconde épître de Pierre », qu’on espéra faire circuler sur le même pied que la première[2].

On ne négligea rien, en composant la seconde épître, pour l’égaler à la première en autorité[3]. L’auteur, pendant qu’il rédigeait ce petit ouvrage, avait certainement sur sa table le billet qu’on possédait de

  1. Voyez l’Antechrist, ch. v.
  2. II Petri, iii, 1.
  3. II Petri, iii, 1.