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moins grands séducteurs de femmes, qu’ils prennent en leur offrant, avec l’appât des voluptés, de faciles manières d’expier leurs péchés[1]. On se sent bien près du gnosticisme et du montanisme. La proposition que la résurrection est déjà un fait accompli[2], fait penser à Marcion. Les expressions sur la divinité de Jésus-Christ gagnent en force, quoique enveloppées encore d’un certain embarras[3].

Ce qui domine tout, c’est un admirable bon sens pratique. L’ardent piétiste qui a composé ces lettres ne s’égare pas un moment dans les sentiers dangereux du quiétisme. Il répète jusqu’à la fatigue que la femme n’a le droit de se livrer à la vie spirituelle que quand elle n’a pas de devoirs de famille à remplir ; que le devoir principal de la femme, c’est la génération et l’éducation des enfants ; que c’est un égarement de prétendre servir l’Église, quand on n’est pas complètement en règle avec sa maison[4]. La piété que prêche notre auteur est d’ailleurs une piété toute spirituelle ; elle réside dans le sentiment : les pratiques corporelles[5], les abstinences, par

  1. II Tim., iii, 6. Comp. Irénée, I, xiii, 3, 6 ; Epiph. xxvi, 11.
  2. II Tim., ii, 18. Cf. Tertullien, Adv. Marc., V, 10 (cf. De resurr. carnis, 19) ; Epiph., hær. xlii, 3.
  3. Tit., ii, 13 ; iii, 4, 6.
  4. I Tim., ii, 15 ; v, 9 et suiv.
  5. Σωματικὴ γυμνασία. I Tim., iv, 8.