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autrefois était nécessaire pour attirer le peuple. Si l’on veut être juste et complet, il faut étudier en même temps les deux tentatives, faire la part de l’une et de l’autre, expliquer pourquoi l’une a réussi et pourquoi l’autre ne pouvait pas réussir.

Le nom de Marc-Aurèle est le plus illustre de cette noble école de vertu qui essaya de sauver le monde antique par la raison. Une étude approfondie de ce grand homme appartient donc essentiellement à notre sujet. Pourquoi la réconciliation qui se fit entre l’Église et l’Empire, sous Constantin, ne s’opéra-t-elle pas sous Marc-Aurèle ? C’est là une question qu’il importe d’autant plus de résoudre, que, déjà en ce volume, nous verrons l’Église commencer à identifier sa destinée avec celle de l’Empire. Dans la seconde moitié du IIe siècle, des docteurs chrétiens de la plus haute autorité envisagent sérieusement la possibilité de faire du christianisme la religion officielle du monde romain. On dirait qu’ils devinent le grand événement du IVe siècle. Étudiée de près, la révolution par laquelle le christianisme, changeant si complètement de rôle, est devenu le protégé ou, pour mieux dire, le protecteur de l’État, après avoir été le persécuté de l’État, cette révolution, dis-je, cesse de paraître surprenante. Saint Justin et Méliton en ont le pressentiment le plus clair. Le principe de