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censé l’héritier des pouvoirs apostoliques[1]. Les apôtres restèrent vivants et gouvernèrent après leur mort. L’idée que le président de l’Église tient son mandat des membres de l’Église qui l’ont nommé ne se montre pas une seule fois dans la littérature de ce temps. L’Église échappa ainsi, par l’origine surnaturelle de son pouvoir, à ce qu’il y a de caduc dans toute autorité déléguée. Une autorité législative et exécutive peut venir de la foule ; mais des sacrements, des dispensations de grâces célestes n’ont rien avoir avec le suffrage universel. De tels privilèges viennent du ciel ou, selon la formule chrétienne, de Jésus-Christ, source de toute grâce et de tout bien.

Jamais, à proprement parler, l’évêque n’avait été nommé par la communauté tout entière. La désignation de l’Esprit-Saint[2], c’est-à-dire l’emploi secret de manœuvres électorales qu’excusait une extrême naïveté, suffisait à l’enthousiasme spontané des premières Églises. Quand l’âge apostolique fut passé et qu’il fallut suppléer par décision ecclésiastique à l’espèce de droit divin dont on supposait les apôtres et leurs disciples immédiats revêtus[3],

  1. Clém. Rom., Epist. I, c. 42, 44.
  2. Clém. d’Alex., Quis dives salv., 42.
  3. Tit., i, 5 ; I Tim., v, 22 ; Clément d’Alexandrie, Quis dives salv., 42.