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un simple homme, fils de Joseph, né dans les conditions ordinaires de l’humanité, sans miracle[1]. C’est tardivement qu’ils expliquèrent sa naissance par une opération du Saint-Esprit[2]. Quelques-uns admettaient que, le jour où il fut adopté par Dieu, l’Esprit divin ou le Christ était descendu en lui sous la forme visible d’un colombe[3], si bien que Jésus ne fut fils de Dieu et oint du Saint-Esprit qu’à partir de son baptême[4]. D’autres, se rapprochant plus encore des conceptions bouddhiques, pensaient qu’il était arrivé à la dignité de Messie et de fils de Dieu par sa perfection, par des progrès successifs[5], par son union avec Dieu, et surtout en faisant le tour de force d’observer toute la Loi. À les entendre, Jésus seul avait résolu ce problème difficile. Quand on les poussait, ils avouaient que tout autre homme qui pourrait en faire autant obtiendrait le même honneur. Ils s’efforçaient en conséquence, dans leurs

  1. Épiph., xxx, 2, 3.
  2. Épiph., xxx, 3, 13, 14, 16, 34 ; Eusèbe, H. E., III, 27 ; Origène, Contre Celse, l. c. ; Théodoret, l. c.
  3. Épiph., xxx, 16 ; Évang. des Hébr., Hilgenfeld, p. 15, 21.
  4. Évang. des Hébr., Hilg., p. 15, 16.
  5. Κατὰ προκοπήν. Épiph., xxx, 18 ; Eusèbe, H. E., III, xxvii, 2. Cf. Ἰησοῦς προέκοπτεν, Luc, ii, 52. Paul de Samosate se servait de la même expression (ἐκ προκοπῆς), Saint Athanase, De synod., 4 (Opp., t. I, 2e partie, p. 739). Cf. Justin, Dial., 47 (ἐκλογή).