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servés que par les traductions grecques ou faites sur le grec. Ainsi les histoires macchabaïques, le livre de Tobie, les livres d’Hénoch, la Sagesse du fils de Sirach, le livre de Baruch, le livre appelé « troisième d’Esdras », diverses suites que l’on rattacha au livre de Daniel (les trois enfants dans la fournaise, Susanne, Bel et le dragon), la prière de Manassé, la lettre de Jérémie, le Psautier de Salomon, l’Assomption de Moïse, toute une série d’écrits agadiques et apocalyptiques, négligés par les juifs de la tradition talmudique, n’ont été gardés que par des mains chrétiennes. La communauté littéraire qui exista durant plus de cent ans entre les juifs et les chrétiens faisait que tout livre juif empreint d’un esprit pieux et inspiré par les idées messianiques était accepté sur-le-champ dans les Églises. À partir du IIe siècle, le peuple juif, voué exclusivement à l’étude de la Loi et n’ayant de goût que pour la casuistique, négligea ces écrits. Plusieurs Églises chrétiennes, au contraire, persistèrent à y attacher un grand prix et les admirent plus ou moins officiellement dans leur canon. Nous verrons, par exemple, l’Apocalypse d’Esdras, œuvre d’un juif exalté, comme le livre de Judith, n’être sauvée de la destruction que par la faveur dont elle jouit parmi les disciples de Jésus.

Le judaïsme et le christianisme vivaient encore