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nissaient parfois, et donnaient alors au bet-dîn le caractère d’une cour suprême. On garda longtemps le souvenir du verger où se tenaient les audiences de ce tribunal et du pigeonnier à l’ombre duquel s’asseyait le président[1]

Iabné semblait ainsi une sorte de petite Jérusalem ressuscitée. Pour les privilèges et aussi pour les obligations religieuses, on l’assimila complètement à Jérusalem[2] ; sa synagogue fut considérée comme la légitime héritière de celle de Jérusalem, comme le centre de la nouvelle autorité religieuse. Les Romains eux-mêmes se prêtèrent à cette manière de voir, et accordèrent au nasi ou ab-bet-dîn de Iabné une autorité officielle. Ce fut le commencement du patriarcat juif[3], qui se développa plus tard et devint une institution

  1. Sifré, § 118 ; Talm. de Bab., Berakoth, 23 b ; Schabbath, 33 b, 138 b, etc. ; Mekhilta sur Exode, xiv, 22 ; Benj. de Tudèle, t. I, p. 79, Asher ; Neubauer, Géogr. du Talmud, p. 74 ; Derenbourg, Palest., p. 380-381.
  2. Mischna, Rosch has-schana, iv, 1, 2, 3, 4 ; Sanhédrin, xi, 4 ; Succa, iii, 12 ; Talm. de Bab., Rosch has-schana, 21 b, 31 b ; Sota, 40 a, b ; Keritôt, 9 a ; Derenbourg, Hist. de la Pal., p. 304 et suiv.
  3. Mischna, Eduïoth, vii, 7 ; Talm. de Bab., Sanhédrin, 11 a. Cf. Mischna, Rosch has-schana, ii, 7 ; iv, 4 ; Épiph., hær. xxx, 4. Il est douteux que le titre officiel ait existé à l’époque où nous sommes. Notez cependant la lettre d’Adrien dans Vopiscus, Saturn., 8 (ipse ille patriarcha).