Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourrait abroger un article ; mais la destruction du temple supprimait de fait une portion considérable des anciennes prescriptions ; il ne restait plus de place que pour une casuistique morale de détail ou pour le mysticisme. La cabbale développée est sûrement d’un âge plus moderne. Mais dès lors beaucoup s’adonnaient à ce qu’on appelait « les visions du char[1] », c’est-à-dire aux spéculations sur les mystères qu’on rattachait aux symboles d’Ézéchiel. L’esprit juif s’endormait dans les rêves, se créait un asile hors d’un monde détesté. L’étude devenait une délivrance. Rabbi Nehounia mit en vogue ce principe que celui qui s’impose le joug de la Loi se dégage ainsi du joug de la politique et du monde[2]. Quand on arrive à ce point de détachement, on n’est plus un révolutionnaire dangereux. Rabbi Hanina avait coutume de dire : « Priez pour le gouvernement établi ; car sans lui les hommes se mangeraient[3]. »

La misère était extrême. Une lourde capitation pesait sur tous[4], et les sources de revenus étaient taries. La montagne de Judée restait inculte et

  1. Derenbourg, Palest. p. 309, note 3 ; 314, note ; 386-387, note 4.
  2. Pirké aboth, iii.
  3. Ibid., iii, 2.
  4. Mekhilta, sur Exode, xix, 1. V. l’Antechrist, p. 538.