Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Iabné[1]. Il est douteux qu’il ait été réellement élève de Hillel[2] ; mais il fut bien le continuateur de son esprit. Faire régner la paix entre les hommes était sa maxime favorite[3]. On contait de lui que jamais personne n’avait pu le saluer le premier, pas même un païen au marché[4]. Sans être chrétien, il fut un vrai disciple de Jésus. Il allait, dit-on, par moments, à l’exemple des anciens prophètes, jusqu’à supprimer l’efficacité du culte et à reconnaître que la justice avait pour les païens les mêmes effets que le sacrifice pour les juifs[5].

Un peu de soulagement rentra de la sorte dans l’âme affreusement troublée d’Israël. Des fanatiques, au risque de la vie, se hasardaient à s’introduire dans la ville silencieuse, et allaient furtivement sacrifier sur les ruines du Saint des Saints[6]. Quelques-uns de ces fous rapportèrent au retour qu’une voix mystérieuse était sortie des décombres et avait témoigné accepter leurs sacrifices[7] ; mais, en général, on blâ-

  1. Midrasch Eka, i, 5 ; Talm. de Bab., Gittin, 56 a et b ; Aboth de-rabbi Nathan, c. iv.
  2. Talm. de Bab., Succa, 28 a.
  3. Mekhilta, sur Exode, xx, 22.
  4. Talm. de Bab., Berakoth, 17 a.
  5. Talm. de Bab., Baba bathra, 10 b.
  6. Cf. Apoc. de Baruch, § 35, etc.
  7. Mekhilta, sur Exode, xviii, 27.