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même quand ils adorent leurs idoles, de rendre les derniers devoirs à leurs morts[1], cherchait à détendre la situation. Portée aux transactions, cette famille s’était déjà mise en relation avec les Romains. Elle ne se fit aucun scrupule de demander aux vainqueurs l’investiture d’une sorte de présidence du sanhédrin et, avec leur agrément, de reprendre le titre de nasi. D’un autre côté, un homme extrêmement libéral, Johanan ben Zakaï, était l’âme de la transformation qui s’opérait. Déjà, bien avant la destruction de Jérusalem, il avait joui d’une autorité prépondérante dans le sanhédrin. Pendant la révolution, il fut un des chefs du parti modéré qui se tenait en dehors des questions politiques, et il fit son possible pour qu’on ne prolongeât pas une résistance qui devait amener la destruction du temple. Échappé de Jérusalem, il prédit, assure-t-on, l’empire à Vespasien ; une des faveurs qu’il lui demanda fut un médecin pour soigner le vieux Sadok, qui, dans les années avant le siège, avait ruiné sa santé par les jeûnes[2]. Ce qui paraît certain, c’est qu’il entra dans les bonnes grâces des Romains, et qu’il obtint d’eux le rétablissement du sanhédrin à

  1. Talm. de Jér., Gittin, v, 9 ; comparez Talm. de Bab., Gittin, 61 a.
  2. Talm. de Bab., Gittin, 56 b.