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O aveuglement des hommes qui ne sauront pas deviner l’approche du grand jour ! À la veille de l’événement, ils vivront tranquilles, insoucieux. On verra les miracles sans les comprendre ; les prophéties vraies et fausses se croiseront de toutes parts. Comme pseudo-Esdras, notre visionnaire croit au petit nombre des élus et au nombre énorme des damnés. « Justes, délectez-vous en vos souffrances ; pour un jour d’épreuve ici-bas, vous aurez une éternité de gloire. » Comme pseudo-Esdras, encore, il s’inquiète naïvement des difficultés physiques de la résurrection. En quelle forme les morts ressusciteront-ils ? Garderont-ils le corps même qu’ils ont eu auparavant ? Pseudo-Baruch n’hésite pas. La terre restituera les morts qu’on lui a confiés en garde comme elle les a reçus. « Elle me les rendra, dit Dieu, tels que je les lui ai donnés. » Cela sera nécessaire pour convaincre les incrédules de la résurrection ; il faut qu’ils puissent constater de leurs yeux l’identité de ceux qu’ils ont connus.

Après le jugement s’opérera un changement merveilleux. Les damnés deviendront plus laids qu’ils n’étaient ; les justes deviendront beaux, brillants, glorieux ; leur figure se transformera en un idéal lumineux. Effroyable sera la rage des méchants, en voyant ceux qu’ils ont persécutés ici-bas glorifiés au-dessus