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sures furent-elles inspirées par une sourde opposition contre le christianisme et surtout contre les libérales prédications de saint Paul. Il semble que plus les chrétiens s’efforçaient de faire tomber les barrières légales, plus les juifs travaillaient à les rendre infranchissables.

C’est surtout en ce qui concerne les prosélytes que le contraste était sensible. Non-seulement les juifs ne cherchent plus à en gagner ; mais ils ont contre ces nouveaux frères une défiance à peine dissimulée. On ne dit pas encore que « les prosélytes sont une lèpre pour Israël[1] » ; mais, loin de les encourager, on les dissuade ; on leur parle des dangers et des difficultés sans nombre auxquels ils s’exposent en s’affiliant à une nation bafouée[2]. En même temps, la haine contre Rome redouble. Les pensées qu’on nourrit à son égard sont des pensées de meurtre et de sang.

Mais, comme toujours dans le courant de sa longue histoire, Israël avait une minorité admirable, qui protestait contre les erreurs de la majorité de la nation. La grande dualité qui fait le fond de la vie de ce peuple singulier se continuait[3]. Le charme,

  1. Talm. de Bab., Jebamoth, 47 b, etc.
  2. Talm. de Bab., Jebamoth, 47 a ; Masséketh Gérim, init.
  3. Voir Saint Paul, p. 63.