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liberté de style ou d’orthographe. Ainsi la particule את, simple marque de régime, qu’il est permis de mettre ou d’omettre en hébreu, fournissait des inductions puériles[1].

Cela touchait à la folie ; on était à deux pas de la cabbale et du notarikon, niaises combinaisons où le texte ne représente plus une langue humaine, mais est pris pour un grimoire divin. Dans le détail, les consultations d’Aquiba se recommandaient par la modération ; les sentences qu’on lui attribue sont même empreintes d’un certain esprit libéral[2]. Mais un fanatisme violent gâtait toutes ses qualités. Les plus grandes contradictions se produisaient dans ces natures à la fois subtiles et incultes, d’où l’étude superstitieuse d’un texte unique avait banni le droit sens du langage et de la raison. Sans cesse voyageant de synagogue en synagogue, dans tous les pays de la Méditerranée et même peut-être chez les Parthes[3], Aquiba entretenait chez ses coreligionnaires le feu étrange dont lui-même était rempli et qui bientôt devait être si funeste à son pays.

  1. Bereschith rabba, i. Cf. Derenbourg, Palestine, p. 396-397, note.
  2. Pirké Aboth, iii, 14.
  3. Grætz, Gesch. der Juden, IV, 148, 2e édit. ; Ewald, Gesch. des Volkes Israël, VII, p.349, note 1 ; Derenbourg, Palest., p.418, note 1.