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dix-huit mesures étaient toutes destinées à exagérer l’isolement d’Israël. Défense d’acheter les choses les plus nécessaires chez les païens, défense de parler leur langue, d’accueillir leur témoignage et leurs offrandes, défense d’offrir des sacrifices pour l’empereur[1]. On regretta ensuite plusieurs de ces prescriptions ; on alla jusqu’à dire que le jour où elles furent adoptées avait été aussi funeste aux Israélites que celui où ils fondirent le veau d’or ; mais on ne les abrogea pas. Un dialogue légendaire exprima les sentiments opposés des deux partis qui divisaient les écoles juives à cet égard : « En ce jour-là, dit Rabbi Éliézer, on remplit la mesure. — En ce jour-là, dit Rabbi Josué, on la fit déborder. — Un tonneau plein de noix, dit Rabbi Éliézer, peut encore contenir autant d’huile de sésame qu’on veut. — Quand un vase est rempli d’huile, répliqua Rabbi Josué, en y versant de l’eau on répand l’huile[2]. » Malgré toutes les protestations, les dix-huit mesures prirent une telle autorité qu’on alla jusqu’à dire qu’aucun pouvoir avait le droit de les abolir[3]. Peut-être certaines de ces me-

  1. Talm. de Jér., Schabbath, i, 7 ; cf. Grætz, Gesch. der Juden, III (2e édit.), p. 494-495 ; Derenbourg, op. cit., p. 272 et suiv., 474.
  2. Talm. de Jér., Schabbath, i, 7 ; cf. Talm. de Bab., Schabbath, 17 a.
  3. Talm. de Jér., Schabbath, i, 7.