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capitale occidentale de l’empire, de là descendit le Tigre jusqu’au golfe Persique, vit ces mers lointaines qui n’apparaissaient aux Romains que comme un rêve, regagna Babylone. Là, les points noirs commencèrent à s’accumuler à l’horizon. Vers la fin de 116, Trajan apprit à Babylone que la révolte éclatait derrière lui. Nul doute que les juifs n’y aient pris une grande part. Ils étaient nombreux en Babylonie[1]. Les rapports entre les juifs de Palestine et ceux de Babylonie étaient continuels : les docteurs passaient d’un des pays à l’autre avec une grande facilité[2]. Une vaste société secrète, échappant ainsi à toute surveillance, créait un véhicule politique des plus actifs. Trajan confia le soin d’écraser ce mouvement dangereux à Lusius Quietus, chef de cavaliers berbers, qui s’était mis avec son goum au service des Romains et avait rendu dans ces guerres parthiques les plus grands services. Quietus reprit Nisibe, Édesse ; mais Trajan commençait à voir les impossibilités de l’entreprise où il s’était engagé ; il songeait au retour.

De fâcheuses nouvelles lui arrivaient coup sur coup. Les juifs se révoltaient de toutes parts[3]. Des

  1. Jos., Ant., XV, iii, 1 ; XVIII, ix ; Philon, Leg., 36.
  2. Derenbourg, Palest., p. 342, 344-345, note.
  3. Dion Cassius, LXVIII, 32 ; Eusèbe, H. E., IV, 2 ; Eus.,