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de la vérité par la torture sur deux servantes, de celle qu’on appelle diaconesses[1]. Je n’ai rien trouvé qu’une superstition mauvaise, démesurée. Aussi, suspendant l’instruction, j’ai résolu de vous consulter. L’affaire m’a paru le mériter, surtout à cause du nombre de ceux qui sont en péril. Un grand nombre de personnes, en effet, de tout âge, de toute condition, des deux sexes, sont appelées en justice ou le seront ; ce ne sont pas seulement les villes, ce sont les bourgs et les campagnes que la contagion de cette superstition a envahies. Je crois qu’on pourrait l’arrêter et y porter remède. Ainsi il est déjà constaté que les temples, qui étaient à peu près abandonnés, ont recommencé à être fréquentés, que les fêtes solennelles, qui avaient été longtemps interrompues, sont reprises, et qu’on expose en vente la viande des victimes, pour laquelle on ne trouvait que de très-rares acheteurs. D’où il est facile de concevoir quelle foule d’hommes pourrait être ramenée, si on laissait de la place au repentir.


Trajan répondit :


Tu as suivi la marche que tu devais, mon cher Secundus, dans l’examen des causes de ceux qui ont été déférés à ton tribunal comme chrétiens. En pareille matière, en effet, on ne peut établir une règle fixe pour tous les cas. Il ne faut pas les rechercher ; si on les dénonce et qu’ils soient convaincus, il faut les punir, de façon cependant

  1. Ministræ. La plupart des collegia avaient de ces sortes de ministræ.