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une goutte d’eau », voilà dorénavant l’idéal d’Israël. Il n’y avait pas encore de manuel écrit pour ce droit traditionnel. Plus de cent ans s’écouleront avant que les discussions des écoles arrivent à former un corps, qui s’appellera la Mischna par excellence[1] ; mais le fond de ce livre date bien de l’époque où nous sommes. Quoique compilé en Galilée, il est en réalité né à Iabné. Vers la fin du ier siècle, il existait des petits cahiers de notes, en style presque algébrique et remplis d’abréviations, qui donnaient les solutions des rabbins les plus célèbres pour les cas embarrassants. Les mémoires les plus robustes fléchissaient déjà sous le poids de la tradition et des précédents judiciaires. Un tel état de choses appelait l’écriture. Aussi voyons-nous, dès cette époque, mentionner des mischna, c’est-à-dire des petits recueils de décisions ou halakoth lesquels portent le nom de leur auteur. Telle était celle de Rabbi Éliézer ben Jacob, que, dès la fin du ier siècle, on qualifiait de « courte, mais bonne[2] ». Le traité mischnique Eduïoth, qui se distingue de tous les autres en ce qu’il n’a pas de sujet spécial, et qu’il est à lui seul une mischna abrégée, a pour noyau les éduïoth ou « témoignages », rela-

  1. Le sens de Mischna est « loi répétée par cœur, non écrite », par opposition à Mikra « loi lue, par conséquent écrite ».
  2. Buxtorf, Lex., col. 1948 ; Talm. de Bab., Jebamoth, 49 b