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inaccessible. Le monde transjordanique, qui jusque-là n’entrait dans l’empire que par ses parties les plus occidentales, y fut englobé tout entier. Palmyre, qui n’avait encore donné à Rome que des auxiliaires, entra tout à fait dans la domination romaine. Le champ entier du travail chrétien est désormais soumis à Rome, et va jouir du repos absolu que donne la fin des préoccupations de patriotisme local. Tout l’Orient adopta les mœurs romaines ; des villes, jusque-là orientales, se rebâtirent selon les règles de l’art du temps. Les prophéties des apocalypses juives se trouvaient mises en défaut. L’empire était au comble de sa puissance ; un même gouvernement s’étendait d’York à Assouan, de Gibraltar aux Carpathes et au désert de Syrie. Les folies de Caligula et de Néron, les méchancetés de Tibère et de Domitien étaient oubliées. Dans cet immense espace, il ne s’élevait qu’une protestation nationale, celle des Juifs ; tout pliait sans murmure devant la plus grande force qu’on eût vue jusque-là.