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orale depuis longtemps établi. Les chefs de l’Église de Rome devaient avoir une manière consacrée de raconter l’histoire apostolique[1]. Luc s’y conforma, en y ajoutant une biographie de Paul assez développée et vers la fin des souvenirs personnels. Comme tous les historiens de l’antiquité, il ne s’interdit pas l’emploi d’une innocente rhétorique. À Rome, son éducation hellénique avait dû se compléter, et le sentiment de la composition oratoire à la manière grecque put s’éveiller en lui[2].

Le livre des Actes, comme le troisième Évangile, écrit pour la société chrétienne de Rome, y resta longtemps confiné[3]. Tant que le développement de l’Église se fit par tradition directe et par des nécessités internes, on n’y attacha qu’une importance secondaire[4] ; mais, quand l’argument décisif dans les

  1. Comp. Clém., Ad Cor. I, 42.
  2. Discours de saint Paul, Act., xvii, et surtout v. 18, les mots ξένων δαιμονίων, si bien en situation (comp. ci-dess., p. 404, note, et les καινὰ δαιμόνια qu’on accusait Socrate d’introduire).
  3. L’auteur des Épîtres prétendues de Paul à Tite et à Timothée n’en soupçonne pas l’existence. Papias ne connaît pas l’Évangile de Luc, à plus forte raison les Actes. Au iie siècle, l’Évangile de Luc est moins cité que celui de Matthieu. Les Actes ne sont pas allégués directement avant Irénée. On croit cependant trouver des allusions à ce livre dans les Épîtres pseudo-ignatiennes, dans l’Épître de Polycarpe, dans Justin, dans Tatien.
  4. Jean Chrys., Hom. i in Act. apost., 1.