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autres Évangiles, la période des apparitions de Jésus ressuscité s’évanouit peu à peu, sans clôture définitive. L’imagination en vint à désirer un coup de théâtre final, une façon nette de sortir d’un état qui ne pouvait se continuer indéfiniment. Ce mythe, complément de la légende de Jésus, se forma d’une manière lente et pénible. L’auteur de l’Apocalypse, en 69, croyait sûrement à l’Ascension. Jésus, selon lui, est enlevé au ciel et porté au trône de Dieu[1]. Dans le même livre, les deux prophètes, calqués sur Jésus, tués comme lui, ressuscitent au bout de trois jours et demi ; après leur résurrection, ils montent au ciel sur une nuée, à la vue de leurs ennemis[2]. Luc, dans l’Évangile, laisse la chose en suspens ; mais, au début des Actes, il raconte, avec la mise en scène voulue, l’événement sans lequel la vie de Jésus n’avait pas de couronnement. Il sait même combien a duré la vie d’outre-tombe de Jésus. Elle a été de quarante jours, par une remarquable coïncidence avec l’Apocalypse d’Esdras[3]. Luc put être à Rome un des premiers lecteurs de cet écrit, qui dut faire sur lui une vive impression.

L’esprit des Actes est le même que celui du

  1. Ch. xii, 5.
  2. Ch. xi, 11.
  3. IV Esdr., xiv, 23 et suiv. (vulg.).