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cette décevante Église d’Éphèse un parti pris de dissimulation et de fraude pieuse, qui a rendu singulièrement délicate la tâche du critique appelé à débrouiller de telles confusions.

Philon, vers le temps même où vivait Jésus, avait développé une philosophie du judaïsme qui, bien que préparée par les spéculations antérieures des penseurs d’Israël, ne prit que sous sa plume une forme arrêtée. La base de cette philosophie était une sorte de métaphysique abstraite, introduisant dans la Divinité unique des hypostases diverses et faisant de la Raison divine (en grec logos, en syro-chaldaïque mémera) une sorte de principe distinct du Père éternel[1]. L’Égypte[2], la Phénicie[3] avaient déjà connu de pareils dédoublements d’un même Dieu. Les livres hermétiques devaient plus tard ériger la

    Eus., H. E., III, 23 ; Apollonius, dans Eus., H. E., V, 18 ; Jean Cassien, Coll., xxiv, 21 ; saint Épiphane, xxx, 24 ; Sozomène, VII, 26 ; saint Jérôme, De viris ill., 9 ; In Gal., xi, 10 ; Isidore de Séville (?), De ortu et obitu patrum, c. 43 ; Actes de saint Jean [par Leucius], publiés par Tischendorf (Acta apost. apocr.), §§ 10-11 (cf. Migne, Dict. des apocr., II, 557), trait conçu d’après Marc, xvi, 18. Cf. l’Antechrist, p. 347 et suiv.

  1. Voir Vie de Jésus, p. 257 et suiv.
  2. De Rougé, Revue arch., juin 1860, p. 357 ; Mariette, Mém. sur la mère d’Apis (Paris, 1856).
  3. Divinités appelées « Face de Baal », « Nom de Baal », etc. Voir Journal asiatique, août-sept. et déc. 1876.