sont véritables, ils durent avoir de graves conséquences. Le souvenir du supplice que Jean avait failli subir à Rome le faisait de son vivant classer parmi les martyrs[1] et assimiler sous ce rapport à Jacques, son frère[2]. En rapprochant les paroles où Jésus avait annoncé que la génération de ceux qui l’écoutaient ne passerait pas, sans qu’il reparût dans les nues[3], du grand âge où était parvenu le seul apôtre de Jésus qui vécût encore, on arriva logiquement à cette idée que ce disciple-là ne mourrait pas, c’est-à-dire verrait l’inauguration du royaume de Dieu sans avoir préalablement traversé la mort. Jean racontait ou laissait croire que Jésus ressuscité avait eu à cet égard une conversation énigmatique avec Pierre[4]. De là résultait pour Jean, de son vivant même, une sorte d’auréole merveilleuse. La légende commençait pour lui bien avant le tombeau.
Le vieil apôtre, en ces dernières années voilées
- ↑ Le titre de confesseur équivalait alors à celui de martyr. Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., III, xx, 8.
- ↑ Voir l’Antechrist, p. 209, 562-563. Cf. Marc, x, 39 ; Matth., xx, 23 ; Apoc., i, 9. Le passage de Marc a dû être écrit avant la mort de Jean.
- ↑ Marc, ix, 39 ; Matth., xvii, 28.
- ↑ Jean, xxi, 20 et suiv.
aurait donc eu quatre-vingt-six ou quatre-vingt-huit ans lors de l’avènement de Trajan.