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ritable[1] délicat, fonde des écoles, des bibliothèques publiques[2] ; on dirait un Français de la plus aimable société du xviiie siècle. Juvénal, sincère dans la déclamation et moral dans la peinture du vice, a de beaux accents d’humanité[3], et garde, malgré les taches de sa vie, un sentiment de fierté romaine. C’était comme une reflorescence tardive de la belle culture intellectuelle créée par la collaboration du génie grec et du génie italien. Cette culture était au fond déjà frappée à mort ; mais elle produisait avant de mourir une dernière poussée de feuilles et de fleurs.

Le monde va donc enfin être gouverné par la raison. La philosophie va jouir, pendant cent ans, du droit qu’elle est censée avoir de rendre les peuples heureux. Une foule de lois excellentes, formant la meilleure partie du droit romain, sont de ce temps. L’assistance publique commence ; les enfants surtout sont l’objet de la sollicitude de l’État[4]. Un vrai sentiment moral

  1. Pline, Epist., I, 19 ; IV, 22 ; VI, 3, 32 ; VII, 18.
  2. Inscr. (rétablie par Mommsen) dans Borghesi, Œuvr. compl., IV, p. 119 ; Bibl. de l’Éc. des hautes études, 15e, p. 86-87. Cf. Pline, Lettres, I, 8 ; IV, 13.
  3. Sat. iii entière ; x, 78, 81 ; xiii, 190, 198 ; xiv, 15, 19, 44 ; xv, 131.
  4. Voir les Apôtres, p. 323 ; Dion Cassius, LXVIII, 2 ; Pline, Panég., c. 26-28 ; Épitres, VII, 31 ; Spartien, Hadr., c. 7 ; Capitolin, Anton. Pius, c. 8 ; Pertinax, c. 9. Comparez la monnaie de