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est à la veille du jugement[1]. Les temps sont mauvais ; Satan a tout pouvoir sur les affaires d’ici-bas[2] ; mais le jour n’est pas loin où il périra ainsi que les siens ; « Le Seigneur est proche, avec sa récompense[3]. »

Les scènes de désordre qui se succédaient de jour en jour dans l’empire ne donnaient, du reste, que trop raison aux sombres prédictions de pseudo-Esdras et du prétendu Barnabé. Le règne du faible vieillard que tous les partis s’étaient trouvés d’accord pour mettre au pouvoir, dans les heures de surprise qui suivirent la mort de Domitien, était une agonie[4]. La timidité qu’on lui reprochait n’était que de la sagesse. Nerva sentait que l’armée regrettait toujours Domitien, et ne supportait qu’impatiemment la domination de l’élément civil. Les honnêtes gens étaient au pouvoir ; mais le règne des honnêtes gens, quand il n’est pas appuyé sur l’armée, est toujours faible. Un terrible incident montra la profondeur du mal. Vers le 27 octobre de l’an 97[5], les prétoriens, ayant trouvé un chef dans Casperius Ælianus, viennent assiéger le palais, demandant à grands cris le châ-

  1. Barn., 4, 21.
  2. Barn., 2, 4, 8.
  3. Barn., 21.
  4. « Regnum exile et tumultu plenum ». IV Esdr., xii, 2.
  5. Tillemont, Hist. des emp., II, p. 487-488.