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aberration, l’ouvrage d’un mauvais ange[1], qui a fait prendre aux juifs tout de travers les ordres de Dieu. Ce que l’auteur craint le plus, c’est que le chrétien n’ait l’air d’un prosélyte juif[2]. Tout a été changé par Jésus, même le sabbat. Le sabbat représentait autrefois la fin d’un monde ; maintenant, transféré au huitième jour, il marque, par la joie avec laquelle on le célèbre, le début d’un monde nouveau, inauguré par la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ[3]. C’en est fait des sacrifices, c’en est fait de la Loi ; tout l’Ancien Testament ne fut que symbole[4]. La croix de Jésus est le mot de toutes les énigmes[5] ; l’auteur la retrouve partout au moyen de bizarres ghematrioth. La Passion de Jésus est le sacrifice propitiatoire dont les autres n’étaient que l’image[6]. Le goût que l’Égypte ancienne et l’Égypte juive eurent pour les allégories semble se retrouver dans ces explications, où il nous est impossible de voir autre chose que des jeux arbitraires. Comme tous les lecteurs des apocalypses[7], l’auteur croit que l’on

  1. Ἄγγελος πονηρός
  2. Barn., 3.
  3. Barn., 15.
  4. Barn., 2, 7-12, 14.
  5. Barn., 9, 11.
  6. Barn., 5, 6.
  7. Barn., 4, 16.