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gue pas entre l’épître aux Romains et les six autres. Il lisait l’épître de Polycarpe avec le post-scriptum.

Un sort particulier semblait désigner le nom d’Ignace aux fabricateurs d’apocryphes. Dans la deuxième moitié du IVe siècle, vers 375, une nouvelle collection d’épîtres ignatiennes se produisit : c’est la collection de treize lettres, à laquelle la collection de sept lettres a notoirement servi de noyau. Comme ces sept lettres offraient beaucoup d’obscurités, le nouveau faussaire se fit aussi interpolateur. Une foule de gloses explicatives s’introduisirent dans le texte et le chargèrent inutilement. Six nouvelles lettres furent fabriquées d’un bout à l’autre, et, malgré leurs choquantes invraisemblances, se virent universellement adoptées. Les remaniements que l’on fit ensuite ne furent que des abrégés des deux collections précédentes. Les Syriens, en particulier, se complurent dans une petite édition de trois lettres abrégées, à la confection de laquelle ne présida aucun sentiment juste de la distinction de l’authentique et de l’apocryphe. Quelques ouvrages indignes de toute discussion vinrent plus tard encore grossir l’œuvre ignatienne. On ne les possède qu’en latin.

Les Actes du martyre de saint Ignace n’offrent pas moins de diversité que le texte même des épîtres qu’on lui attribue. On en compte jusqu’à huit ou