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surrection ou du jugement dernier semblent calquer la description que fait notre auteur des dépôts d’âmes. De ses assertions dérive principalement l’idée qu’Esdras recomposa les Écritures perdues[1]. L’ange Uriel lui doit son droit de cité dans l’art chrétien[2] ; l’adjonction de ce nouveau personnage céleste à Michel, Gabriel et Raphaël donna aux quatre angles du trône de Dieu, et par suite aux quatre points cardinaux, leurs gardiens respectifs[3]. Le concile de Trente, tout en excluant du canon latin le livre tant admiré des anciens Pères, n’empêcha pas de le réimprimer à la suite des éditions de la Vulgate, dans un caractère différent.

Si quelque chose prouve la promptitude avec laquelle la fausse prophétie d’Esdras fut accueillie par les chrétiens, c’est l’emploi qui en est fait dans le petit traité d’exégèse alexandrine, imité de l’Épître aux Hébreux, auquel on attacha très-anciennement le nom de Barnabé[4]. L’auteur de ce traité cite le faux

  1. Ch. xiv, 42 et suiv.
  2. Il figurait déjà dans le livre d’Hénoch (Syncelle, p. 24 ; Cédremus, p. 9 et 11).
  3. Bammidbar rabba, sect. 2. Buxtorf, au mot אוריאל, Cf. Waddington, Inscr. de Syrie, no 2068.
  4. Barnabé étant l’auteur vraisemblable de l’Épître aux Hébreux, on comprend qu’une imitation de ce dernier écrit lui ait été attribuée. L’erreur vint peut-être aussi de ce que Barnabé passait pour avoir présidé l’Église d’Alexandrie, Le texte grec original de cet écrit n’est connu dans son intégrité que depuis