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pas été une folie. Ceux qui défendirent Jérusalem à outrance, ces sicaires que les modérés sacrifiaient et rendaient seuls responsables des malheurs de la nation, ces sicaires ont été des saints. Leur sort fut digne d’envie[1]. Ils seront les grands hommes de l’avenir.

Jamais israélite plus pieux, plus pénétré des malheurs de Sion[2], ne versa ses plaintes avec ses prières devant Jéhovah. Un doute profond le déchire, le grand doute juif par excellence, le même qui dévorait le Psalmiste, « quand il voyait la paix des pécheurs ». Israël est le peuple élu[3]. Dieu lui a promis le bonheur s’il observe la Loi. Sans avoir rempli cette condition dans toute sa rigueur, ce qui serait au-dessus des forces humaines, Israël vaut beaucoup mieux que les autres peuples. En tout cas, il n’a jamais observé la loi avec plus de scrupule que dans ces derniers temps. Pourquoi donc Israël est-il le plus malheureux des peuples, et d’autant plus malheureux qu’il est plus juste ? L’auteur voit bien que les vieilles solutions matérialistes de ce problème[4] ne sont pas tolérables. Aussi son âme est-elle troublée jusqu’à la mort.


  1. Ch. xii, 44-45.
  2. Ch. x, 7-8.
  3. Comparez Habacuc, ch. i et ii.
  4. Comparez, par exemple, Assomption de Moïse, ch. 9.