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faussaire, pour son but, avait besoin d’ailleurs d’un personnage qui eût été contemporain d’une situation du peuple juif analogue à celle qu’on traversait. L’ouvrage paraît avoir été écrit primitivement en ce grec rempli d’hébraïsmes qui avait déjà été la langue de l’Apocalypse de Jean[1]. L’original est perdu ; mais sur le texte grec ont été faites des traductions latines, syriaques, arméniennes, éthiopiennes, arabes, qui nous ont conservé ce précieux document et ont permis de le rétablir en son premier état. C’est un assez bel écrit, d’un goût vraiment hébreu, composé par un pharisien[2], probablement à

  1. Hilgenfeld, p. xliii. Comp. IV Esdr., vi, 56, et Isaïe, xl, 15 (Septante). Quelques particularités feraient supposer un original hébreu. Derenbourg, Revue critique, 26 août 1876, p. 132, note 4.
  2. Cf. ch. ix, 37 ; xii, 7. Les imitations qu’on a voulu y voir de l’Apocalypse de Jean (IV Esdr., vi, 20 ; viii, 52 ; xiv, 13 ; xx, 12) sont douteuses. Beaucoup de ressemblances viennent du modèle commun qui a servi aux deux visions, le livre de Daniel, ou d’images qui couraient les rues, telles que l’appellation de lion appliquée au Messie (xii, 31 ; cf. Apoc., v, 5). Voyez cependant ci-après, p. 358, ce qui concerne l’ange Jérémiel. L’auteur a sur la prédestination et le péché originel des idées analogues à celles de Paul, sans qu’on puisse affirmer qu’il a lu les Épîtres de Paul. Les ressemblances avec certains passages de Matthieu (IV Esdr., v, 18, 42 ; vi, 26 ; vii, 6 ; viii, 3, 41 ; xiii, 31) n’ont rien de concluant. Au contraire, les coïncidences avec l’Apocalypse de Baruch se remarquent très-fréquemment (Hilgenfeld, p. 38-113, presque à chaque page, 232-234). Voir ci-après, p. 517 et suiv.