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régulière. Aucune Église n’a donc le droit de destituer ses anciens[1]. Le privilège des riches est nul dans l’Église. Pareillement ceux qui sont favorisés de dons mystiques, loin de se croire au-dessus de la hiérarchie, doivent être les plus soumis.

On touchait au grand problème : qui existe dans l’Église ? Est-ce le peuple ? Est-ce le clergé ? Est-ce l’inspiré ? La question s’était déjà posée du temps de saint Paul[2], qui la résolvait de la vraie manière, par la charité mutuelle. Notre Épître tranche la question dans le sens du pur catholicisme. Le titre apostolique est tout ; le droit du peuple est réduit à rien. On peut donc dire que le catholicisme a eu son origine à Rome, puisque l’Église de Rome en a tracé la première règle. La préséance n’appartient pas aux dons spirituels, à la science, à la distinction ; elle appartient à la hiérarchie, aux pouvoirs transmis par le canal de l’ordination canonique, laquelle se rattache aux apôtres par une chaîne non interrompue. On sentait que l’Église libre, comme l’avait conçue Jésus[3] et comme saint Paul l’admettait encore[4], était une utopie anarchique, dont il n’y avait rien à tirer pour l’avenir. Avec la liberté

  1. Ch. 44.
  2. Saint Paul, p. 405 et suiv.
  3. Matth., xviii, 20.
  4. II Cor., i, 21.