Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trouve des différences assez considérables. Il semble que l’auteur des Actes colbertins, en enchâssant dans son récit ce précieux morceau, ne s’est pas fait scrupule de le retoucher sur bien des points. Dans la suscription, par exemple, Ignace se donne le surnom de Θεοφόρος. Or, ni Irénée, ni Origène, ni Eusèbe, ni saint Jérôme, ne connaissent ce surnom caractéristique ; il apparaît pour la première fois dans les Actes du martyre, qui font rouler la partie la plus importante de l’interrogatoire de Trajan sur ladite épithète. L’idée de l’appliquer à Ignace a pu venir de passages des épîtres supposées, tels que Ad Eph., § 9. L’auteur des Actes, trouvant ce nom dans la tradition, s’en est emparé, et l’a ajouté au titre de l’épître qu’il insérait dans son récit : Ἰγνάτιος ὁ καὶ Θεοφόρος. Je pense que, dans la rédaction primitive des six épîtres apocryphes, ces mots ὁ καὶ Θεοφόρος ne faisaient pas non plus partie des titres. Le post-scriptum de l’épître de Polycarpe aux Philippiens, où Ignace est mentionné, et qui est de la même main que les six épîtres, comme nous le verrons plus loin, ne connaît pas cette épithète.

Est-on en droit de nier absolument que, dans les six épîtres suspectes, il n’y ait aucune partie empruntée à des lettres authentiques d’Ignace ? Non, sans doute ; cependant, l’auteur des six épîtres apo-